Qu’ils sont verts, mes papiers…

Un peu plus d’un mois que je n’ai rien posté, je couve quelque chose, c’est sûr.

La vérité, c’est que outre pas mal d’occupations bien légitimes, les sempiternels sermons, les aller-retours chez IKEA pour finir de s’installer, mes activités bénévoles chez Ronald McDonald’s (eh oui !) et même une petite balade en Pennsylvanie, le cœur n’y était plus trop ces derniers temps. Pas que j’ai perdu le goût d’écrire, loin de là, et j’en aurais encore des tonnes à raconter mais depuis quelques mois j’ai si peu de retours que j’ai l’impression de parler dans le vide, ou disons plutôt, en termes théologiques, d’être une plume qui blogue dans le désert. Après cinq ans d’expatriation, garder le contact s’avère, il faut l’avouer, plutôt difficile. J’ai fait ce que j’ai pu, et honnêtement je crois  j’ai fait tout ce que j’ai pu et même peut-être encore un peu plus, mais c’est comme ça, c’est la vie. Un jour vient où il faut tourner la page, dans tous les sens du terme.

Dieu doit être d’accord avec moi car j’ai eu hier le grand bonheur de recevoir ma carte verte au courrier – avec celle de Xav, pour ceux qui en doutaient (ma mère qui était de l’autre côté de la boîte mail au moment M m’a quand même posé la question de savoir « ce que j’allais faire de mon mari ») Réponse : mon mari reste, la preuve, n’écoutant que mon bon cœur j’ai pris nos deux enveloppes, me suis arrêté acheter deux bouteilles de champagne et une palette de cupcakes, et l’ai rejoint au boulot pour qu’on ouvre nos courriers ensemble au milieu d’une petite fête improvisée avec les collègues dans la salle serveurs.

Et du coup, on a pu leur expliquer aux américains ce que c’était que la carte verte, que ça voulait dire qu’on est maintenant presque comme eux. On peut vivre où on veut, voyager où on veut, travailler où on veut- on a juste pas le droit de voter, ce qui fait que quoi qu’il arrive au mois de novembre, on ne sera responsables de rien. Tant mieux. Et c’est donc sur cette note douce-amère, un peu triste mais pleine d’espoir aussi que  je me permets de prendre congé de  vous mes amis, en vous souhaitant le meilleur de ce que l’existence à vous offrir. Pour moi, elle a toujours été un peu difficile, mais elle m’a aussi toujours comblée.

Ite missa est, comme on dit.

20160606_151308La dernière pierre que je me permets d’ajouter à ce qui est maintenant l’édifice de votre culture théologico- américaine, c’est que la carte verte est verte, en effet. En témoigne cette photo prise par la chef de Xav pour informer de manière fort peu protocolaire notre avocate du bon dénouement de nos affaires.

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Ultra moderne solitude

À force de vous dire que les américains sont de grands optimistes, je m’inquiète de ce que vous finissiez par penser qu’ici, il est impossible de faire ce que nous les français savons le mieux faire : déprimer gentiment. Que nenni. Aux États-Unis, il n’y a pas qu’à Santa Barbara qu’on a le mal de vivre. Au contraire : Rien de mieux qu’une ambiance de friche industrielle sur fond de crise économique – dont sont friandes les villes au nord de ce pays – pour vous remettre sur le droit chemin de la dépression (dans tous les sens du terme). Au-delà du fromage et de la bière (et des motos, donc), j’en profite pour vous faire goûter les spécialités locales et culturelles de Milwaukee avec ce très troublant poème, que j’accompagne de photographies des grandes rues désertes de la ville et des œuvres que l’on peut contempler dans l’ultra-moderne musée d’Art qui borde le lac Michigan.

À vos Xanax, prêts, partez ! (1)

DSCF0375Early Morning in Milwaukee by John Koethe
De bon matin à Milwaukee par John Koethe (traduction maison)

Is this what I was made for? Is the world that fits
Like what I feel when I wake up each morning? Steamclouds
Hovering over the lake, and smoke ascending from ten thousand chimneys
As in a picture on a calendar, in a frieze of ordinary days?

Est-ce ce pour quoi j’ai été crée ? Est-ce le monde qui ressemble
à ce que je ressens quand je me réveille chaque matin ? Des nuages de vapeurs en suspends au-dessus du lac, et de la fumée qui s’élève de dizaine de milliers de cheminée comme une image sur un calendrier, au milieu d’une enfilade de jours tous pareils.

DSCF0370DSCF0126Beneath a sky of oatmeal gray, the land slides downwards from a Kmart parking lot
Into a distance lined with bungalows, and then a vague horizon.
Higher and higher, until its gaze becomes a part of what it sees,

Sous un ciel de flocons gris, la terre se dérobe jusqu’à un parking de supermarché au loin, alignés avec quelques baraquements et puis un horizon vague. De plus en plus haut, jusqu’à ce que le regard se fonde avec ce qu’il contemple.

The mDSCF0387ind asceDSCF0137nds through layers of immobility into an unfamiliar atmosphere
Where nothing lives, and with a sense of finally breaking free
Attains its kingdom: a constructed space, or an imaginary city.
Bordered all around by darkness; or a city gradually sinking into age,
Dominated by a television tower whose blue light warns the traveler away.

L’esprit s’élève à travers des épaisseurs immobiles, dans une atmosphère étrangère où rien ne vit, et avec l’impression de conquérir sa liberté, atteint son royaume : un espace artificiel, ou une ville imaginaire entourée de ténèbres, ou une cité qui sombre dans la vétusté, surplombée par une antenne de télévision dont la lumière bleue faire fuir les voyageurs.

DSCF0194People change, or drift away, or die. It used to be a country
Bounded by possibility, from which the restless could embark
And then come home to, and where the soul could find an emblem of itself.

Les gens changent, ou disparaissent au loin, ou meurent. Nous étions une nation, formée par toutes sortes de possibilités offertes aux aventureux, ils pouvaient s’embarquer puis revenir et se sentir chez eux, l’âme pouvait trouver une réflexion d’elle-même dans ce pays.

DSCF0193Some days I feel a momentary lightness, but then the density returns,
The salt-encrusted cars drive by the factory where a clock tower   Overlooks the highway, and the third shift ends. And then softly,
The way the future used to sing to me when I was ten years old,
I start to hear the murmur of a voice that isn’t mine at all,
DSCF0189Formless and indistinct, the music of a world that holds no place for me;

Certains jours, j’éprouve une légèreté passagère, mais bientôt la pesanteur revient. Les voitures incrustées de sel passent devant l’usine où une horloge surplombe l’autoroute et les 3/8 se terminent. Et alors, doucement, à la manière dont l’avenir s’adressait à moi quand j’avais dix ans, j’entends le murmure d’une voix qui n’est pas du tout la mienne, sans forme et indistincte, le murmure d’un monde où il n’y a pas de place pour moi,

DSCF0196DSCF0200And then an image starts to gather in my mind—a picture of a room
Where someone lingers at a window, staring at a nearly empty street   Bordered by freight yards and abandoned tanneries. And then the bus stops
And a man gets off, and stands still, and then walks away.

Et alors une image se forme dans mon esprit – l’image d’une pièce où un étranger se prélasse à la fenêtre, regardant fixement une rue vide bordée de zones de livraison et de tanneries abandonnées. Et alors, le bus s’arrête et un homme en descend, reste là un moment sans bouger puis s’éloigne.

DSCF0372Last nigDSCF0142ht I had a dream in which the image of a long-forgotten love  Hovered over the city. No one could remember what his name was
Or where he came from, or decipher what that emptiness might mean;
Yet on the corner, next to the USA Today machine, a woman seemed to wave at me,
Until the stream of morning traffic blocked her from my view.

La nuit dernière j’ai rêvé et j’ai eu cette vision d’un amour oublié depuis longtemps qui venait se poser sur la ville. Personne ne pouvait se rappeler de son nom, où d’où il venait, ou comprendre ce que cette absence signifiait. Pourtant au coin de la rue, à côté du distributeur de journaux, une femme semblait me faire signe, jusqu’à ce que la foule matinale la fasse disparaître de ma vue.

DSCF0155DSCF0157It’s strange, the way a person’s life can feel so far away,
Although the claims of its existence are encountered everywhere In a drugstore, or on the cover of a tabloid, on the local news
Or in the mail that came this morning, in the musings of some talk show host
Whose face is an enigma and whose name is just a number in the phone book,
But whose words are as pervasive as the atmosphere I breathe.

C’est étrange combien la vie d’une personne peut sembler distante, alors qu’on trouve des preuves de cette existence partout – dans une droguerie ou même sur la couverture d’un tabloïd, ou aux informations locales, au courrier arrivé ce matin ou dans les simagrées d’un talk show. Quelqu’un dont le visage est une énigme et dont le nom est seulement un numéro dans l’annuaire, mais dont les mots sont aussi réels que l’air que je respire.

DSCF0176DSCF0158Why can’t I find my name in this profusion? Nothing even stays,
No image glances back at me, no inner angel hurls itself in rage
Against the confines of this surface that confronts me everywhere I look
At home or far away, here or on the way back from the store—
Behind an all-inclusive voice and personality, fashioned out of fear
And scattered like a million isolated points transmitting random images
Across a space alive with unconnected signals.

DSCF0336Pourquoi est-ce que je ne peux pas trouver mon nom cette multitude ?
Rien ne dure. Aucune de ces images ne me regarde à son tour, aucun ange intérieur ne se jette contre les parois qui me confine où je suis, partout où je jette mon regard – chez moi ou très loin d’ici, ici ou en rentrant du magasin. Derrière une voix et une personnalité qui inclut toutes les autres, façonnée par la peur et dispersée comme des millions de pixels qui projettent des images au hasard, à travers un espace où toutes les signaux sont déconnectés.

DSCF0406DSCF0408(1) Et encore, je ne vous ai offert que la première moitié du poème. Vous pouvez le trouver dans son entiereté sur le lien suivant : http://www.poetryfoundation.org/poems-and-poets/poems/detail/48113
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Tonnerre mécanique

Alors bien sûr, mes récentes expériences m’ont beaucoup mûri, et j’ai, au propre comme au figuré « élargi mes horizons », mais enfin, pour des raisons a la fois techniques et théologiques, ce n’est quand même pas demain la veille que je vais retourner visiter un musée consacré à l’histoire de la moto. Donc je n’aurais qu’un seul mot : Profitez-en…

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Sur la route de Madison

Alors comme on n’en finit pas d’apprendre des choses nouvelles sur ce blog, je viens vers vous aujourd’hui avec une pièce maîtresse à ajouter à l’édification de votre culture américaine. Préparez-vous. Vous ne le savez peut-être pas encore, car je m’en suis moi-même rendue compte un peu tard, mais aux États-Unis, il y a ce qu’on appelle les États-Unis, vu de loin (la France, par exemple) et il y a les États-Unis, les vrais. Moi-même j’étais comme vous au départ, je ne comprenais pas bien la différence et par exemple quand mon copain Patrick me disait que sa femme ne voulait pas quitter New-York car elle ne voulait pas, je cite, « vivre aux États-Unis », je rigolais doucement, pensant que c’était une blague. Quand je dis une blague, disons, je comprenais ça comme un moyen de dire : « Ma femme ne veut pas aller vivre dans le fin fond du Texas dans une bicoque qui s’envole à la première tornade, entourée de gens qui se baladent avec des fusils, votent pour Donald Trump et font des barbecues à la moindre occasion. » Bref, le cliché des États-Unis pour les étrangers et les gens cultivés – sauf bien sûr pour le coup des barbecues car tous le monde fait des barbecues aux États-Unis, sauf en Californie où ils sont tous végétariens. Mais bref, j’étais comme ça, je n’avais pas conscience qu’en effet il y a plusieurs pays dans un seul pays, pas parce qu’il y a d’un côté les citadins, beaux et intelligents, et de l’autre les bouseux pauvres et crétins, mais tout simplement parce que la culture américaine il faut un peu s’enfoncer dans les terres pour aller la trouver parce que sur la côte, il y a tellement de diversité culturelle, raciale et religieuse qu’au final ce qui unit les gens, c’est d’être tous différents. À Washington, c’est un peu comme à New-York. Pratiquement personne naît D.C, pardon, pratiquement personne n’est d’ici, voire tout le monde vient de très loin : indiens, coréens, syriens, pakistanais, boliviens, irakiens, péruviens et bien sûr quelques français. Je ne m’en plains pas. D’abord, cela m’a fait considérer le fait de demander à terme la nationalité américaine non plus comme une sorte d’usurpation, mais comme quelque chose de légitime. Être américain, ce n’est pas seulement être Born in the USA, c’est aussi être un immigrant qui cherche une terre où il peut vivre comme il l’entend ou disons: selon les valeurs qu’il choisit. C’était vrai à l’époque mais c’est toujours vrai aujourd’hui. Quelque chose qui m’étonne toujours ici, c’est ce sentiment que vous avez de pourvoir être exactement qui vous êtes ou qui vous voulez être, sans devoir rendre des comptes à personne, sans vous sentir jugé. Personne ne se moque de vous, jamais. Du moment que vous faites votre truc, tout le monde trouve ça très bien, parce que c’est votre truc, c’est culturel, personnel, tout ce que vous voulez. Bien sûr, cela veut aussi dire que le reste du monde s’en fout un peu de vous puisque rien ne porte à conséquences, et cela veut dire aussi que vous avez aussi à supporter les frasques des autres sans sourciller, car pour les mêmes raisons que celles que je viens d’énoncer, les américains ne connaissent pas le ridicule – je ne crois pas que ce soit une notion ou même un mot qui existe. « Ridiculous » ici veut seulement dire « absurde », la plus proche notion que vous avez du ridicule au sens français est « self-conscious » qui veut plutôt dire que vous vous sentez le centre d’attention, et que ça vous met mal à l’aise. Sans plus. Bien sûr, vous avez toujours la possibilité de « make a fool of yourself » mais ça, ça veut dire que vous le faites vraiment exprès. Par exemple, vous avez bu.  Mais ce sont des circonstances tout à fait exceptionnelles, évidemment. Bien sûr, que les américains n’aient pas la notion du ridicule, vous vous en êtes peut-être rendus compte sans moi. Il vous suffit de regarder un show TV. Et bien sûr, vu de loin (de France, par exemple) c’est affligeant mais bon, on a beau dire, quand vous êtes au milieu de ça, vous en mesurez les avantages car c’est quand même sacrément libérateur et voilà au final, je vous le confirme, ce n’est pas un mythe : les États-Unis, c’est le pays de la liberté.

Vous êtes contents de l’apprendre, je sais. Mais je n’ai pas perdu le fil et j’en reviens à ce que je voulais vous dire : à vivre immergés dans cette grande soupe de gens qui « font leur truc », le melting-pot comme on dit en français, vous finissez par vous demander au final ce qui est vraiment américain. J’avoue que ça m’a tracassé pendant un moment – cinq ans – avant de me rendre compte que ça vient progressivement, voire insidieusement, quand le vent du Midwest (et depuis Chicago on sait qu’il souffle bien) parvient jusqu’à la côte Est. Vous commencez lentement, à vous rendre compte que vous écoutez de plus en plus de musique du New-Jersey, genre vous ressortez votre vieux CD de Bruce Springsteen, Born in the USA (donc) et puis un jour au supermarché vous achetez compulsivement le Best of de Bon Jovi à un moment où personne ne vous regarde, et un autre jour encore, vous vous réveillez au volant de votre voiture (façon de parler) et vous réalisez que ça fait une demi-heure que vous êtes sur une station de country music et que vous ne vous êtes rendu compte de rien, limite vous avez passé un bon moment, car quand même aller au boulot dans la fraîcheur d’un dimanche matin en écoutant des guitares pleines de cordes qui font tzoing tzoing tzoing, c’est pas mal relaxant, et paf, deux dimanches plus tard vous vous retrouvez à prêcher là-dessus et à expliquer à vos fidèles que « Comme le dit la chanteuse texane Maren Moris, conduire c’est un peu faire une expérience de Rédemption » – c’est pas une blague, le sermon est là : Sermon 0410

100_5892_smallMais ça, c’était avant qu’on fasse l’expérience des routes du Midwest, parce qu’il faut le vivre pour en parler. Je disais justement ça à Xav ou plus justement, je ne lui disais pas, quand on était  Sur la route de Madison, l’Interstate 94 entre Milwaukee et Madison (donc), en plein cœur du Wisconsin, je conduisais au soleil couchant, on se fait doubler par une Thunderbird rutilante des années 50 (car nous bien sûr, on avait une petite voiture de location pourrite), la radio entame les premières notes de « Hotel California » et au moment où j’ouvre la bouche pour dire à Xav : « Dis-donc, on s’y croirait », je me mords la langue car je me rends compte qu’en fait, « on ne s’y croirait pas ». Du tout.

Parce qu’on y est.

En plein cœur de la culture américaine. Car mes amis, ce qui fait la différence aux États-Unis entre les États-Unis (les vrais) et les États-Unis (pour les citadins et les étrangers), c’est l’autoroute, bien sûr. Non pas l’absence ou la présence des autoroutes – car les autoroutes, il y en a partout, mais il y a d’un côté l’autoroute qui vous permet de voyager, de rêver, d’écrire des chansons et accessoirement de manger du poulet frit (à peu près partout) et de l’autre côté (C’est à dire sur la côte Est) il y a l’autoroute qu’on fait du sur place dessus parce que tout le monde va au même endroit en même temps (New-York et Washington, donc). Il y a un pays dans le pays, un pays où conduire est un plaisir, et un pays où c’est l’angoisse absolue.

100_5727_small 100_5729_smallAlors qu’est-ce qu’on faisait dans le Wisconsin, c’est une très bonne question que je me suis moi-même posée, une première fois avant de monter dans le coucou d’American « Eagle » Airlines qu’on a failli pas partir car le train d’atterrissage était bloqué (une chance qu’ils s’en soient rendus compte avant le décollage) et que Xav a failli s’assommer dedans avant de se rendre compte qu’il ne pouvait pas se tenir debout dans l’allée centrale, qu’est-ce qu’on faisait dans le Wisconsin, une question que je me suis posée une deuxième fois après avoir roulé trente miles au milieu de stations d’essence désaffectées, de « Seven Eleven »(l’équivalent du Huit à 8, mais en délabré) et des fameuses baraques de poulet frit, après avoir passé Pewaukee, Goose lake (le lac aux oies) et Petitippee (Bon ok, ça j’invente)  il m’a même semblé avoir articulé un « Mais c’est le trou du c.. du monde » – avant d’arriver à notre destination, la ville qui répondait au joli nom de, croyez-le ou non, Oconomowoc et c’est là que je m’exclame « Mais qu’est-ce que c’est joli », une petite église au bord d’un lac où une copine du séminaire nous avait invités pour son mariage (la raison de notre venue à Milwaukee) et c’est là que je réalise que le charme de l’Amérique profonde, on s’y fait.

Regardez, j’ai l’a100_5820_smallir content.

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Bien sûr on s’est fait surprendre parce qu’au début avec Xav, on avait fait comme d’habitude. On avait posé nos valises à l’hôtel, et après que j’ai eu argumenté un peu à l’accueil :  « Vous êtes sûrs que la suite présidentielle c’est pour nous, non parce qu’il y a même une cuisine dans la chambre et il y a deux placards pour ranger les affaires, vous allez nous faire payer un supplément ? » et le réceptionniste qui m’assure que non, ce n’est pas une blague, c’est juste un chambre standard (Je mets ça sur le compte de la fameuse habitude, celle des hôtels new-yorkais où il faut pousser le lit pour ouvrir votre valise), rassurés on fait comme dab donc, on file au musée d’Art qui il faut le dire est très joli, en forme de bateau, juste au bord du Lac Michigan, mais la le truc c’est que c’est limite si vous regardez les œuvres d’Art, car le Lac vous ne voyez que ça, sur la terre comme au ciel car ils sont exactement de la même couleur tous les deux.

DSCF0139 100_5877_smallLes choses se compliquent encore quand vous faites une pause, que vous allez vous mettre à table et que vous mangez – d’accord – un hamburger au poisson frit (j’étais d’humeur aventureuse) un hamburger qui, qui contre toute attente, vous met littéralement les larmes aux yeux et après ça vous avez juste envie de vous balader et de profiter du monde extérieur, vous faites encore une tentative culturelle avec un jardin de sculptures, et puis après quelques bières et un peu de cheddar (les spécialités locales), vous commencez à laisser tomber les peintres expressionnistes allemands pour vous intéresser à la culture locale et c’est là que vous apprenez providentiellement un dimanche matin que votre hôtel jouxte non seulement la première cathédrale épiscopale des États-Unis (où de façon surprenante Georges Washington n’a jamais mis les pieds (car il semble avoir fréquenté toutes les églises de Virginie) ça valait donc le détour), mais vous découvrez aussi incidemment que votre hôtel se situe également juste à côté de l’ancienne boutique de Mr Harley et des trois frères Davidson. Une chose en entraînant une autre, un dimanche après-midi, vous vous retrouvez dans le magasin de souvenirs, et après avoir acheté des cartes postales « pour les copines », des t-shirts « pour rigoler », et un porte-clés « au cas où », vous vous dites que visiter le musée, ça peut être vachement bien après tout. On est aux États-Unis, c’est vrai, personne ne va nous dire qu’on a l’air débile, même quand on se repointe le jour d’après car notre photo de tous les deux sur la Harley « n’a pas marché » et qu’il nous la faut absolument pour mettre sur le blog et que tous nos copains en France voient comme on n’a pas l’air ridicule, mais enfin pas très malin non plus.

DSCF0414Mais voilà, ce DSCF0415n’est pas si bête de visiter ce musée, car après avoir circulé, photographié et (un peu) rêvé sur les 250 « motos à travers les âges » (c’est à dire depuis 1903) exposées, je me retrouve face à un mur de télés avec des vidéos de motards, de toutes sortes de motards depuis ce qui semble être un vieux chef indien à une jeune mariée et j’écoute ce qu’ils disent et je réalise que mon aventure avec la country music et l’autoroute n’est pas un accident. Apparemment, il y a quelque chose de métaphysique, sinon de théologique, dans le fait de rouler sur une autoroute où on peut rouler – justement. Dans toutes les bouches j’entends le même mot revenir comme un refrain : liberté, liberté, liberté. Et c’est là que je comprends la différence entre la culture américaine (officielle) et la culture américaine (sous-jacente). À Washington, la liberté c’est les pères fondateurs, Lincoln, la philosophie des lumières, la Constitution, tout ça. Mais comme le disait Marx, quand on ne peut pas réaliser concrètement ses aspirations, on les renvoie dans le ciel des idées. Car dans le Midwest, la Constitution et les pères fondateurs, on s’en fout parce que liberté, c’est de rouler en Harley-Davidson. (Sans casque de préférence). Quand on y réfléchit, c’est quand même intéressant ce que l’on projette quand on est un intellectuel névrosé. À Milwaukee, j’ai appris que la liberté apparemment ce n’est pas seulement d’être la personne qu’on choisit d’être, de pouvoir dire ce qu’on pense, ou de choisir pour qui on veut voter, la liberté, apparemment c’est aussi, c’est simplement, de pouvoir aller d’un point A à un point B – une liberté bien terre à terre, toute simple et pas compliquée, une liberté bien souvent en péril aujourd’hui dans la capitale officielle des États-Unis. Mais bien sûr, Marx n’avait pas totalement raison non plus : les Pères fondateurs n’avaient pas forcément éprouvé le besoin de fantasmer une liberté toute théorique en rédigeant la Constitution, car quand on y réfléchit, à l’époque il n’y avait pas encore de bouchons sur les autoroutes non plus.

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D’un côté, la liberté selon Lincoln…De l’autre, la liberté selon Davidson…

Laissant là ces considérations, et avant de reprendre notre avion pour Chicago, on a fait une dernière halte pour photographier la célèbre de Statue de Fonzie car Milwaukee, outre la bière, le cheddar, les coucous, les Harley et les expressionnistes allemands immigrés, c’est aussi le pays de Happy Days. Et la conclusion, c’est qu’être américain, c’est peut-être être libre, quelque soit la façon dont on entend la liberté, mais c’est surtout de proclamer une liberté qu’aucun ridicule ne peut tuer : La liberté d’être cool, bien entendu.

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Je n’ai besoin de personne…

…et d’ailleurs c’est Xavier qui m’a emboîté le pas. Moi, je n’aurais jamais cru que je ne pourrais pas résister au plaisir de visiter le musée Harley-Davidson, et encore moins que ça m’amuserait comme une folle de poser sur une des légendaires motos. Mais encore une fois, on apprend beaucoup sur soi-même en voyageant…Je vous dis à très bientôt pour vous raconter mon épopée du week-end sur les routes du Midwest. Accrochez-vous!

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La vie en rose

« Deux articles dans la même journée » me direz-vous, « C’est l’orgie » (façon de parler), eh bien, loin de là mes amis, c’est juste que je suis coincée au bureau, car comme je le notais avec beaucoup de sagesse il y a une heure dans mon précédent article: « On ne refait pas sa vie, on la continue », me voilà coincée dans le rôle de standardiste : Alors que mon sermon est fini d’écrire depuis belle lurette et que j’ai bouclé toutes mes réunions de la semaine et répondu à tous mes mails, mon chef m’a demandé d’être là aujourd’hui car notre secrétaire est en weekend et, selon l’adage populaire : « On ne sait jamais ce qui peut se passer ». Eh bien, il ne se passe rien sachez-le, je suis là depuis dix heures du matin, et pour l’instant, j’ai eu un seul coup fil. Mais voilà, j’en profite pour rattraper mon retard bloguesque et publier enfin ces magnifiques photos des cherry blossoms, ou plus modestement, ces photos des magnifiques cherry blossoms, car à Washington, les cherry on ne s’en lasse pas, et malgré le foule et la chaleur (Cette année, c’était plutôt le froid), et pour certains d’entre nous, malgré le déménagement, on était rise and shine sur le National Mall à huit heures du matin.

Comme d’habitude, ça valait le coup.

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Et donc bien sûr, il y a des fans. Si vous croyiez jusque là que Washington DC, c’était la politique et la corruption, eh bien dé-Trumpez vous. C’est aussi, pour l’espace de quelques semaines, la ville la plus romantique du monde. Il y a des photographes qui viennent du Japon pour l’occasion. C’est vrai qu’on les leur a un peu piqués, leur cherry trees.

Mais ça c’est Washington, bien sûr. Qu est-ce qu’il se passe pendant ce temps là, en Virginie ? Maintenant que vous êtes complètement initiés au Festival des Cherry Blossoms puisque nous fêtons notre cinquième printemps dans la vie bénie des Présidents, laissez-moi vous initier au secret des dieux : Le Virginia Dogwood. Un arbre bien de chez nous, qui fleurit lui aussi au printemps, et accessoirement devant notre église, j’ai donc quitté mon poste cinq minutes pour aller faire quelques photos (au risque que le standard explose):

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Et c’est là, appareil photo en mains que figurez-vous, je suis tombée sur ma paroissienne de la journée (après avoir eu mon coup de fil du jour) qui m’a livré cette information captivante que je ne comptais pas partager avec vous car je n’étais pas au courant, il y a deux sortes de Dogwood, le blanc, qui est un arbre sauvage, et le rose, qui est un arbre domestique. Nous avons donc des arbres sauvages devant notre église – je vous l’avais dit qu’entre les renards et les daims on était déjà presque au bord de la forêt. Non, l’information que je voulais partager avec vous, c’est plutôt une légende, la légende du Dogwood, que j’ai découverte lors d’une escapade cet été au Sud de la Virginie.

Installez-vous confortablement et écoutez bien:

À l’époque de la crucifixion, le Dogwood était de la taille du chêne et des autres arbres de la forêt. Il était en fait si solide et ferme qu’il fut choisi par le bucheron pour devenir le bois de la Croix. D’être ainsi utilisé pour quelque chose d’aussi cruel procura beaucoup d’angoisse au Dogwood, et Jésus, qui était cloué sur lui, ressentit la détresse de l’arbre et, dans sa tendre pitié pour tout chagrin et toute peine, lui dit: « À cause de ta tristesse et parce que tu as eu de la compassion pour moi, le Dogwood ne deviendra plus jamais un arbre assez large pour être utilisé comme une croix. Il sera tordu et ployé et ses fleurs seront de la forme d’une croix…Deux longs pétales et deux courts. Et au centre de chaque fleur, il y aura les marques des clous, marrons de rouille et tâchés de rouge, et au milieu de la fleur il y aura une couronne d’épines, et toute personne qui verra la fleur se souviendra ».

J’ai eu récemment une petite discussion avec notre « Presiding Bishop », notre grand patron. Disons : je n’ai pas trop aimé son sermon de Pâques, et je lui ai expliqué pourquoi sur le site web de l’église Épiscopale.

Pour plus de détails, allez là: http://episcopaldigitalnetwork.com/ens/2016/03/23/easter-2016-message-from-presiding-bishop-michael-curry

Mais disons en gros que le Bishop s’est senti obligé de nous rappeler que la Résurrection c’était du sérieux et que l’évangile ce n’est pas « un conte de fées », et c’est là que mon sang n’a fait qu’un tour car je pense justement que l’Évangile c’est le plus beau des contes de fées, car c’est l’Histoire la plus merveilleuse et incroyable qui soit – Dieu sur terre qui se balade (plus ou moins) incognito parmi les hommes et tous les chefs des prêtres qui ne le reconnaissent pas. L’Évangile, bien sûr que c’est une histoire, mais c’est une histoire qui explique toutes les histoires, toutes nos histoires, c’est l’histoire de l’amour de Dieu pour nous, racontée au travers de la vie de Jésus. Car le truc c’est que les contes de fées, loin d’être n’importe quoi, expriment une réalité profonde sur l’existence et le monde et que ce n’est pas moi qui le dit, mais Bruno Bettelheim, qui a même écrit un bouquin là-dessus.

Et donc bien sûr, la légende du Dogwood est un peu suspecte, je vous l’accorde. Un cerisier de Virginie qui dans une vie antérieure était un chêne en Palestine, ce n’est pas crédible à 100 %, du moins si on s’en tient aux faits bruts – alors qu’au moins l’Évangile est bourrée de faits historiques et que l’existence de Jésus est un fait certain. N’empêche. Peut-être que si vous lisez la légende avec attention, vous découvrirez qu’elle exprime quelque chose de bien plus profond que des faits : la compassion qui unit les êtres vivants de ce monde, l’habilité de sentir ce que les autres ressentent, être humains, animaux ou même plantes, la joie que l’on ressent devant les cherry trees, la délicatesse de l’amour de Dieu pour nous – Toutes choses que dit et répète l’Évangile aussi. Mais je en vais pas tout vous dire non plus, à vous de juger par vous-même. L’intérêt des histoires, c’est qu’elles expriment justement ce qu’on ne peut pas conceptualiser. La magie, l’art et la poésie, ce serait dommage de passer à côté, pas (seulement) parce que c’est joli, mais surtout parce que c’est vrai. C’est ça que j’ai essayé de dire au patron dans mon post. Mais pas sure que ce soit passé. Peut-être suis-je une chrétienne de la race des arbres beiges qui poussent à l’aventure, à l’orée d’une forêt un peu risquée, et pas de la race des arbres roses sagement alignés dans les allées du National Mall…ou du jardin de l’évêché !

WP_20160313_15_55_37_ProWP_20160313_17_31_14_ProJésus crucifié…sans la croix, une représentation inhabituelle mais poignante que nous avons découvert dans une église catholique à côté de la mienne à l’occasion d’un concert de musique française où un soliste américain chantait en smoking du « Prosper youplamboum »…le plus plus sérieusement du monde.

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Miracle sur la 36ème rue

WP_20160305_11_27_59_ProComme vous avez dû le comprendre (si vous n’avez pas compris, inquiétez-vous), Xavier, le chat et moi, nous avons déménagé. Si. Je suis tellement contente d’avoir un blog pour pouvoir vous balancer des scoops comme ça, l’air de rien.

Le truc, c’est que le déménagement, on est comme vous, et au final c’est un peu comme les élections américaines: Depuis le temps qu’on en parlait, on n’en pouvait plus que ça arrive enfin un jour, pour pouvoir arrêter d’en parler ou plutôt : pour en parler un bon coup et pouvoir passer à autre chose ensuite, plutôt que d’en parler tout le temps dans le vide. (Oui, je vous promets qu’on va passer à autre chose ensuite. Je suis en retard sur les cherry blossoms, mon programme de Carême, mon dernier sermon et la semaine prochaine on va à Milwaukee, teasing quand tu nous tiens). Mais voilà, le déménagement, parlons-en un bon coup, donc. Quand j’ai eu mon boulot on s’est dit « Super on va pouvoir déménager » car ce qui nous bloquait, c’était pas tant qu’on culpabilisait de laisser les écureuils (Bon, OK, vous me connaissez trop bien: J’ai culpabilisé), le truc c’est que BIZARREMENT, dans la région, il faut mieux avoir deux ou trois cacahouètes de côté pour se payer un logement. Notre petit appart de deux pièces à Alexandria : $1.410 de loyer (siiiiiiiiiiiii) ce qui est exactement le double du prix qu’on payait pour notre trois pièces à Grenoble qui, voyez ce que sont les choses, faisait le double en surface. Bon certes, on n’est pas encore arrivé à la parité dollar/euro mais, comme on s’en est rendus compte pour le transfert de fonds qu’on a fait pour payer le fameux crédit de la voiture, je vous assure qu’on n’est pas bien loin. La voiture, tout est là. Car si les américains vivent dans des petites résidences proprettes, ils vivent avant tout dans leur voiture, et loin de moi était l’idée qu’avant de pouvoir changer de logement, il nous faudrait acheter deux voitures. Mais enfin, après quelques rebondissements, les voitures, ça y est c’est fait, et quand le premier rayon de soleil a fait fondre les dernières couches de neige, avec Xav on a repris les visites, avec notre agente immobilière, « Madame Miracle », je n’invente rien (Est-ce un nom de scène, je ne sais pas). Une chose est sure: Bien qu’elle se soit pas mal agitée à chaque fois, en petits talons et jeans moulants avec un nouveau petit chien à chaque fois (une sorte de Paris Hilton locale, j’imagine), elle n’a pas fait beaucoup de miracles pour nous, ou en tous cas, il n’y avait pas de miracles en-dessous de $2.000 sans les charges – ce qui est la limite qu’on s’était donné, vu que c’est exactement ce que je gagne tous les mois (Bon d’accord, $2050, décidément, vous saurez tout).

Mais voilà : plus je vieillis, non seulement je prends des kilos et des rides, mais aussi je me rends compte d’un autre truc que je sais pas si c’est déprimant ou si ça devrait me donner de l’espoir mais c’est ainsi: Les trucs cons qu’on dit sur l’existence, les conseils des parents qui me faisaient bondir à l’adolescence, les lieux communs qui me faisait enrager quand j’écrivais mon mémoire en philosophie, tous ces trucs qu’on dit sans réfléchir et qui ont l’air stupides sont au final tellement vrais et ainsi, figurez-vous qu’avec la recherche de cette maison, j’ai appris un truc fondamental sur l’existence qui tient dans la formule suivante : Quand c’est pas le moment, c’est pas le moment. Je vous laisse digérer l’information.

Car voilà : Je reconnais, ça fait des mois que je dis à tout le monde qu’on va déménager incessamment sous peu mais le truc c’est que c’était pas le moment, avec Madame Miracle – ou sans. Plutôt sans, si on y réfléchit, car au terme d’une semaine bien déprimante à visiter des logements magnifiques mais hors de prix, ou pas chers mais pourris, je me suis réveillée un samedi matin avec un petit gout de déprime dans la bouche, avant que Xavier ne me propose pour remédier à ça, d’aller bruncher quelque part – et pour parer à l’objection inévitable en forme de « Je ne sais pas si les pancakes c’est très bon pour moi », m’a proposé d’y aller à pied – une rareté dans notre environnement, mais enfin à une demi-heure de marche de chez nous (Parce qu’en plus c’est en pente), il y a Sherlington Villages, un petit havre de paix commerciale au grand air, très bobo, tous les trentenaires se baladent avec leurs poussettes et leurs chiens, restaurants du monde et culture de proximité (Cinéma, bibliothèque) bordent les rues. Il y a même des gens qui font du vélo. Et donc, c’est là qu’à environ mi-chemin de parcours (Ça se dit ça ? Mi-chemin de parcours ?) C’est donc là, qu’en se baladant l’air de rien, en traversant la 36ème rue à Arlington, à l’orée de la zone bobo, on tombe là-dessus :

WP_20160314_08_49_54_ProMais surtout, si vous voulez bien zoomer avec moi, on tombe sur ça :

WP_20160305_11_27_48_ProUne maison à louer. Ça tombait bien, notre « Contrat d’exclusivité de deux mois » avec Madame Miracle était épuisé depuis environ 4 mois. Comme l’a dit Spinoza, ou peut-être c’était Kant ou Husserl ou l’épicier du coin: Quand c’est le moment, c’est le moment.

C’est la vie, c’est comme ça, n’essayez pas de lutter. Un copain théologien à moi a dit la chose suivante : « Si vous voulez faire rire Dieu, parlez-lui de vos projets ». Dans un sens ça tombe bien, puisque je fonctionne au coup de foudre, et du coup, le fameux petit déjeuner s’est passé à chercher fébrilement des détails sur le site web de l’agence, et quand on a  vu que le loyer était à $1.900 seulement, j’ai su et que, même s’il se rit de nos projets, Dieu nous avait entendu et qu’il me resterait $150 de salaire à dépenser tous les mois chez Zara Washington (Je le mentionne car c’est ce qui est arrivé !). Une bonne impression confirmée à l’arrivée de notre (nouvelle) agente immobilière, Madame Non-miracle, en jogging, baskets, cheveux attachés avec une pince et lunettes de soleil géantes – le genre que porte ma copine Létis quand elle a trop bu – qui nous a laissé visiter la maison « mais ne faites pas trop de bruit s’il vous plait » (j’en rajoute) alors qu’elle nous attendait dehors pour « prendre l’air » et envoyer frénétiquement des textos sur son téléphone (On était Samedi matin, après tout). On l’a pas fait bien attendre parce qu’avec Xav, on a regardé l’intérieur de la maison et on a su tout de suite que c’était bon, quand c’est le moment, c’est le moment comme je dis toujours – et je me suis suis surprise à dire en remontant du sous-sol : « Ben alors, on signe où ? ».

Évidemment, il n’y a que dans les romans de gare ou dans les blogs à vocation commerciale que les choses arrivent de cette façon, vous vous en doutez bien. La vérité c’est qu’après cette inoubliable visite et alors que j’avais le cœur encore tout palpitant, je suis rentrée à la maison en me disant « Tout ce bonheur au bout seulement d’un an de galère, c’est louche », j’ai fait une liste à Xav de tout ce qui allait pas dans cette maison (Essentiellement : Peut-on vraiment rentrer le canapé dans le bon sens ?) et il m’a fallu deux visites supplémentaires avec Madame Miracle, un quartier au bord de l’autoroute (pas de poussettes ni de vélo), une rampe d’escalier pétée et un chauffage défectueux pour que je revienne à la maison, euh que je revienne à la raison, et qu’on retourne mètre en mains avec Madame Non-miracle qu’on avait encore réveillée un samedi matin, pour se rendre compte que si, de façon surprenante, notre canapé entrait dans le salon (apparemment le salon était prévu pour recevoir des canapés, on aurait du s’y attendre), et c’est là que j’ai pas seulement dit « On signe où? », mais « C’est bon pour nous » et qu’on a pu remplir un dossier pour l’agence, notre propriétaire étant, croyez-le ou non, overseas, à l’étranger  (car forcément aux États-Unis, il faut passer la mer pour aller à l’étranger, le Mexique ou le Canada n’étant pas considérés comme des options, ne me demandez pas pourquoi, apparemment pour certains, mais pour beaucoup aussi, l’Amérique, c’est les États-Unis). Mais enfin voilà, figurez-vous que, d’après Madame Non-miracle-qui-fait-des-miracles-quand-même (y compris avec une gueule de bois) notre propriétaire, Eric, est posté outre-Atlantique, et que « Ça fonctionne plutôt bien pour lui là-bas », « Il était parti un peu à l’aventure, mais au final ça lui plait bien et ça marche pas trop mal pour lui, donc il envisage peut-être de rester plus longtemps ». Ça alors. Eric, si tu m’entends, je te laisse mon appart rue du Général Champon sans état d’âme.

Bien sûr, je ne sais pas ce qu’a fait Eric au final, mais notre dossier déposé à huit heures du mat le lundi à l’agence, car Madame Non-miracle m’a avoué se lever tôt pour aller à la gym (qu’est-ce que j’avais été mauvaise langue !), notre dossier donc a été approuvé en moins de deux jours pour un déménagement dix jours après.

Bien sûr, avec Xav, au début un petit déménagement comme ça, ça nous a bien fait rire, comparé à celui qu’on avait fait la dernière fois. On s’est au final rendus compte qu’un déménagement reste un déménagement – sagesse populaire – et que ça peut être fatigant, surtout pendant la semaine de Pâques – sagesse cléricale qui m’a fait défaut sur ce coup-ci.

Certes, on bien trouvé quelques points communsWP_20160319_15_25_39_Pro rigolos entre nos deux déménagements aussi :

Si vous avez bonne mémoire, cette photo c’était la page 1 du blog 1 : http://belanger.fr/fanny/wp-content/uploads/2011/07/100_4010.jpg

Bien sûr, le chat a un peu blanchi mais la psychologie féline fonctionne toujours : un carton, c’est un carton. Mais non seulement le chat a peu changé, mais la psychologie bélangesque fonctionne toujours elle aussi : Si vous achetez des livres, à un moment ou à un autre, vous aurez besoin de cartons.

De pas mal de cartons.

Quelqu’un a dit un jour quelque chose – ou c’était beaucoup de gens qui ont dit ça sur l’existence –  bref, vous l’avez surement déjà entendu : « On ne refait pas sa vie, on la continue, seulement ».

Eh bien, c’est très vrai, figurez-vous.

Camion

Bien sûr, on continue toujours sa vie, mais il y a des choses qui changent quand même un peu. Par exemple, c’est officiel, l’époque où je roulais en Mini est révolu. Me voilà au volant du camion du déménagement. On a pris les choses et les meubles en mains avec mes copines, pendant que Xav attendait le Monsieur d’Internet à la maison…(mais je suis bien contente d’avoir Internet aussi hein ! Sinon je ne pourrais pas vous raconter mon déménagement, rahhhh ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !)

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Ma cabane aux USA

Prêts à ouvrir la porte de ma nouvelle maison ? Je vous raconte tout, bientôt.

 

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L’homme qui pondait des œufs

Easter Bunny

Le jeune homme de la photo, ce n’est pas Xavier, mais mon collègue Gray, sur le parvis de l’église, quelques minutes après la fin de la messe solennelle de Pâques. Gray, coordinateur de la formation pour enfants, ou pour le dire plus simplement, responsable caté, a en charge un ministère qui implique la fonction sacrée qu’une fois par an, Gray se déguise en lapin. Dire que je me plains des chasubles et de mes cols romains. Lui, je ne sais pas si c’est dans son contrat de travail, mais enfin, il faut bien quelqu’un pour déposer les œufs dans le jardin de l’église. Ce ne sont pas les cloches qui vont le faire aux États-Unis : il n’y en pas. Enfin comprenez-moi bien, il y a  des clochers avec des cloches dedans tout pareil qu’en France, mais il n’y a pas de légende de cloches qui vont à Rome – distance géographique (ou idéologique) oblige. Ici, pas de voyage au Vatican : c’est tout le lapin qui fait. Ce qui – si vous y réfléchissez bien – est un peu à se taper la tête contre les murs. Pendant toute la semaine sainte, redoublant de prière, de café et de Xanax, vous  passez des heures d’insomnie et d’angoisse à écrire et réécrire des sermons sur la vie, la mort et la Résurrection du Christ et tâcher d’expliquer ça aux gens d’une façon qui ait du sens – comment c’est possible que Dieu se soit fait homme, qu’il ait vécu parmi nous, qu’il ait donné sa vie pour finalement ressortir victorieux de la mort, et voilà ce qui arrive à la sortie de l’église : Les gens ne sont même pas choqués que ce soit un lapin qui ponde des œufs. Voire même : ils sont contents. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise. On a beau douter de tout en cette ère scientifique, le rationalisme a ses limites. C’est Pâques après tout. Tout peut arriver. Y compris être heureux, même sans pouvoir fournir de bonne explication.

Joyeuses Pâques à vous tous ! La vie, on ne comprend pas toujours tout, mais au final, c’est bien. Et ce n’est que le début, si ça se trouve.

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Let’s (not) talk about sex

DSCF9816Mes amis qui ont joué à « Cards Against Humanity » avec moi vous le diront : En sexe, je suis nulle.

Enfin, d’un point de vue théorique en tous cas, car rassurez-vous « Cards Against Humanity », ce n’est pas un strip poker, juste un  jeu avec des cartes, que des cartes, donc c’est quand même plutôt innocent mais bon, avec lesdites cartes vous devez vous amuser à compléter des phrases et toute l’astuce, si astuce il y a, c’est de faire les combinaisons les plus absurdes ou les plus scabreuses, et donc potentiellement les plus drôlatiques aussi. Bien sûr, quand je suis de la partie, ça ralentit pas mal le jeu car il y a plein de mots que je ne connais pas. Certes, le jeu n’existe qu’en anglais, apparemment le jeu n’est pas commercialisé en France et même pas exportable en France (Je le sais car on a dû en rapporter en douce dans nos valises pour une copine). Mais bon, la vérité c’est que même en français, une fois que j’ai la traduction, il faut aussi souvent m’expliquer la définition de termes recouvrant fréquemment des ensembles de pratiques qui me font hausser le sourcil : « Ah bon ? Ça existe ça ? Mais à quoi ça sert ? Quel est l’intérêt ? ». Récemment, j’ai arrêté de faire ce genre de commentaire car j’ai compris que ça avait tendance à me faire remarquer comme un peu innocente sur les bords, voire franchement naïve. Le fait est aussi que le jeu a un nombre limité de cartes, que je commence à avoir fait le tour des expressions et que – pour des raisons évidentes – nous n’avons pas acheté les extensions. DSCF9817J’ai quand même eu vraiment la honte quand je me suis rendue compte que le copain informaticien de Xavier, qui passe ses soirées à manger des pizzas et ses weekends en congrès « Donjons et dragons », en savait plus que moi. À la réflexion, il en savait beaucoup en fait, mais que voulez-vous, moi quand je vais sur Internet, c’est pour consulter la météo. Chacun ses occupations.

Et puis, je suis pasteure, malgré tout. On n’échappe pas à son destin.

DSCF9841Ce qui est assez déroutant, c’est que dans l’église, croyez-le ou pas, je passe assez facilement pour un peu débridée. Ma théorie, c’est que les américains me pardonnent parce que « je suis française » et donc forcément ma morale en matière sexuelle est assez élastique – pour ne pas dire relâchée – culture oblige. Mais la vérité, c’est juste que je suis juste une grande romantique, comme vous en avez eu peut-être eu un peu un aperçu dans mes 1200 précédents articles, et que je me laisse facilement emporter dès que l’argument : « Oui mais s’ils s’aiment » pointe le bout de son nez. Affreux. Du coup, l’autre jour, alors que je m’extasiais sur la touchante histoire de Ruth et Boaz qui se faufilent sous les couvertures à la belle étoile, je me suis même fait reprendre par une paroissienne qui m’a fait remarquer que : « Quand même, ce n’est pas une exemple, ils n’étaient pas mariés ». Super zut. Moi, les histoires de la jeune Ruth qui, un peu à la Jane Eyre, arrive de son petit patelin paumé et se glisse dans la demeure du grand propriétaire qu’elle sert dévotement avant que finalement il lui ouvre son cœur, et accidentellement son lit, ça m’a fait rêver. Je pense que le toit-terrasse pendant la nuit d’été y est pour beaucoup (Apparemment ce ne sont pas les new-yorkais qui ont inventé le rooftop, ça marchait en Palestine aussi pour l’arrière-grand-mère de Jésus) – Mais quand même, vous ne voulez pas vous faire taper sur les doigts par une paroissienne de 90 ans pour ça. C’est moi qui suis l’experte en péché, oui qui devrait, j’ai normalement un diplôme pour le prouver.

La vérité c’est que dans l’église, le sexe, on est très flou sur le sujet. Dans mon église, en tous cas.

DSCF9818À ma cousine qui me demandait si : « Ça existe vraiment ces espèces des cérémonies où des pères accompagnent leur fille de 12-14 ans qui leur promettent de rester vierge jusqu’au mariage ? » je répondrais « Je pense que oui, si tu l’as vu à la télé » et parce que tout est possible aux États-Unis, c’est bien connu – mais enfin, ça n’arrive pas dans l’église Épiscopale, rassure-toi. Dans l’église Épiscopale, le sexe, on n’en parle jamais et je pense qu’on n’en parle jamais parce qu’on ne sait pas trop quoi dire. Le sexe, c’est mal bien sûr, mais on est aussi progressiste. La théorie officielle du « pas de sexe en dehors du mariage » a l’avantage de la simplicité mais enfin à une époque où les gens font des études jusqu’à 30 ans et vivent jusqu’à 90, on se rend compte que ça ne marche plus vraiment. De même « le sexe pour procréer » à une époque où les ressources naturelles sont de plus en plus limitées et les humains de plus en plus nombreux, faire six enfants, ce n’est pas forcément un cadeau à faire à l’environnement. Encore davantage : « Le sexe selon l’ordre de la nature » à une époque où on se rend compte que la nature c’est tout sauf un programme fixé une fois pour toute, mais changement et évolution – Bref, tout ça, ça ne passe plus. En matière de sexualité, les vieux standards ne fonctionnent plus.

On appelle ça un changement de paradigme, mes enfants.

Et du coup, le pasteur est bien couillonné pour prêcher là-dessus.

DSCF9837Pour cette raison, il m’a semblé important de faire un rappel à l’ordre, ou peut-être dans mon cas est-ce un appel au désordre – en expliquant de façon plus détaillé ma conception de la morale sexuelle dans mon dernier sermon. Mes amis du clergé, prudents sur la question ont tout à perdre, moi, bien sûr, j’ai tout à y gagner puisque j’ai fini de me décrédibiliser  en visitant une McDonald’s house.

Il faut que je fasse une petite parenthèse pour vous raconter.

Les McDonald’s Houses, vous savez, ce sont ces maisons qu’ils construisent pour héberger les familles qui ont des enfants à l’hôpital (pour se déculpabiliser, après avoir nourri tout le monde avec des graisses saturées et des sucres rapides). Eh bien, il y a quelques semaines, alors qu’on attendait notre guide dans l’entrée de ladite maison à l’hôpital de Fairfax, mon chef m’avise qu’il y a les vêtements de Ronald McDonald pendus sur un cintre dans l’entrée, la blouse jaune, le t-shirt à rayures. Voyez comment fonctionne mon cerveau, alors lorsque la conclusion logique aurait voulu que ce soient les habits d’un clown venus visiter les petits enfants et que je trouve ça mignon, non, j’ai demandé à mon chef si ça voulait dire : « Que Ronald McDonald était en train de courir tout nu quelque part dans les couloirs ». Mon Dieu. C’est le cas de le dire. La prêtre qui sort ça lors d’une visite de bienfaisance, vous imaginez. Heureusement, il n’y a que mon chef qui a entendu, et, apparemment, il a compris la blague – je n’ai pas reçu depuis lors une mise en demeure pour sexual harrasement. Mais bref, étant donc définitivement labellisée en matière sexuelle, je me suis donc permis dans mon dernier sermon d’exprimer ma philosophie, autant y aller franco –  une philosophie qui, avec quelques circonvolutions, se rapporte peu ou prou à un : « Oui, mais s’ils s’aiment » à la française, mais enfin quelque peu affinée.

DSCF9820En gros, ma position si vous me passez l’expression, c’est plutôt que de se focaliser sur des actes ou sur des faits, de remettre tout ça dans le contexte plus global du sens, de donner une signification à ce qu’on fait en matière sexuelle comme pour toutes les autres activités humaines. Le sens fait vivre, l’absence de sens fait crever. Ce qui fait – et c’est là que le « Oui, mais si ils s’aiment » a des limites – que vous ne pouvez pas juste obéir à vos impulsions ou vos émotions parce que si elles ont du sens sur le court terme, elles n’en ont pas forcément sur le plus long. Et que non seulement vous pouvez faire du mal aux gens autour de vous, mais vous en faites aussi à vous-même. La morale chrétienne (et donc sexuelle) serait plus « Oui, mais si on aime » nous invitant à une attitude qui fait vivre et donne la vie (pas forcément au sens premier du terme : faire des bébés), plutôt qu’à un comportement égoïste ou tout simplement rigide qui détruit. Du coup, toute la question est d’avoir un comportement responsable. Et le problème c’est que la responsabilité, les gens n’aiment pas trop ça en général. On aime bien avoir la liberté de faire tout ce qu’on veut, mais de là à penser et à juger par soi-même et à répondre de ses actes – c’est un autre problème. C’est pour cette même raison qu’on se tourne (ou se détourne) trop souvent de la Bible comme d’un catalogue de choses à faire ou à ne pas faire, alors que si vous lisez vraiment la Bible, vous vous rendez compte que, si vous essayez de lui faire dire des vérités éternelles, vous vous rendez compte qu’elle se contredit tout le temps. D’abord parce que la Bible, comme son l’indique, c’est une « bibliothèque » (Ta Biblia mes amis, en grec, c’est un pluriel) des livres et non un livre, avec des textes qui se lisent comme des épopées, des poèmes, des livres historiques bien sûr, mais aussi des comédies et des tragédies. La Bible raconte des histoires, ou des tas d’histoires, de gens comme vous et moi, qui font du bien, qui font du tort, qui vivent leur vie dans le contexte plus grand du Royaume de Dieu, et ce que Dieu nous apprend dans la Bible c’est DSCF9835qu’il y a un chemin qui mène au salut et un chemin qui mène à la destruction.

Un chemin, ce n’est pas une liste de choses à faire ou à ne pas faire, c’est la façon dont on dirige sa vie, c’est la personne que l’on devient et c’est la manière dont on transforme (ou pas) le monde autour de nous.

Ruth et Boaz par exemple – mariage ou pas mariage, eh bien heureusement qu’ils ont couché ensemble, parce que sinon on aurait pas eu Jésus. Voilà la vérité. Bien sûr, je n’ai pas dit ça à la mémé, mais maintenant que j’y pense, j’aurais peut-être dû. Pour son éducation.

DSCF9823Une chose est sure. Peut-être qu’on en fait plus pour la morale en reconnaissant dans les églises que le sexe, tout en étant responsable, peut être léger, tendre et drôle, au lieu d’en faire quelque chose de sacré et d’hyper sérieux qui rend tout le monde triste et inquiet.

En tous cas, j’ai enfoncé le clou cette semaine en faisant de Marie-Madeleine, non pas une pècheresse ou une prostituée, mais une jeune femme romantique et rêveuse.

Comme moi, au final.

Française elle aussi, certainement. D’ailleurs, c’est en France qu’elle aurait fini ses jours. Pas aux États-Unis, vous notez bien. Et on la comprend.

Au final, mes paroissiens ont bien aimé mes deux sermons, et moi ça va. J’espère seulement que mes fantasmes avec Ronald McDonald sont juste une phase logique de mon intégration à la culture américaine, et que ça va passer.

Sermon 0228

Sermon 0313

Toutes les photos de cet article ont été prises à l’incroyable musée des « Arts Visionnaires » de Baltimore – un musée magnifique…et complètement débridé.

Le 18 Mars : J’ajoute une note pour vous dire qu’au final, aujourd’hui, alors que j’allais gentiment faire les courses, je me suis retrouvée coincée derrière une camionnette « Ronald McDonald, le spectacle » – Je n’en croyais pas mes yeux. À croire que c’est le tentateur qui intervient dans ma vie pour provoquer ma chute. Ce qui est sûr, c’est que c’est bien dommage que j’ai déjà eu mon enterrement de vie de jeune fille…

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