Comme vous avez dû le comprendre (si vous n’avez pas compris, inquiétez-vous), Xavier, le chat et moi, nous avons déménagé. Si. Je suis tellement contente d’avoir un blog pour pouvoir vous balancer des scoops comme ça, l’air de rien.
Le truc, c’est que le déménagement, on est comme vous, et au final c’est un peu comme les élections américaines: Depuis le temps qu’on en parlait, on n’en pouvait plus que ça arrive enfin un jour, pour pouvoir arrêter d’en parler ou plutôt : pour en parler un bon coup et pouvoir passer à autre chose ensuite, plutôt que d’en parler tout le temps dans le vide. (Oui, je vous promets qu’on va passer à autre chose ensuite. Je suis en retard sur les cherry blossoms, mon programme de Carême, mon dernier sermon et la semaine prochaine on va à Milwaukee, teasing quand tu nous tiens). Mais voilà, le déménagement, parlons-en un bon coup, donc. Quand j’ai eu mon boulot on s’est dit « Super on va pouvoir déménager » car ce qui nous bloquait, c’était pas tant qu’on culpabilisait de laisser les écureuils (Bon, OK, vous me connaissez trop bien: J’ai culpabilisé), le truc c’est que BIZARREMENT, dans la région, il faut mieux avoir deux ou trois cacahouètes de côté pour se payer un logement. Notre petit appart de deux pièces à Alexandria : $1.410 de loyer (siiiiiiiiiiiii) ce qui est exactement le double du prix qu’on payait pour notre trois pièces à Grenoble qui, voyez ce que sont les choses, faisait le double en surface. Bon certes, on n’est pas encore arrivé à la parité dollar/euro mais, comme on s’en est rendus compte pour le transfert de fonds qu’on a fait pour payer le fameux crédit de la voiture, je vous assure qu’on n’est pas bien loin. La voiture, tout est là. Car si les américains vivent dans des petites résidences proprettes, ils vivent avant tout dans leur voiture, et loin de moi était l’idée qu’avant de pouvoir changer de logement, il nous faudrait acheter deux voitures. Mais enfin, après quelques rebondissements, les voitures, ça y est c’est fait, et quand le premier rayon de soleil a fait fondre les dernières couches de neige, avec Xav on a repris les visites, avec notre agente immobilière, « Madame Miracle », je n’invente rien (Est-ce un nom de scène, je ne sais pas). Une chose est sure: Bien qu’elle se soit pas mal agitée à chaque fois, en petits talons et jeans moulants avec un nouveau petit chien à chaque fois (une sorte de Paris Hilton locale, j’imagine), elle n’a pas fait beaucoup de miracles pour nous, ou en tous cas, il n’y avait pas de miracles en-dessous de $2.000 sans les charges – ce qui est la limite qu’on s’était donné, vu que c’est exactement ce que je gagne tous les mois (Bon d’accord, $2050, décidément, vous saurez tout).
Mais voilà : plus je vieillis, non seulement je prends des kilos et des rides, mais aussi je me rends compte d’un autre truc que je sais pas si c’est déprimant ou si ça devrait me donner de l’espoir mais c’est ainsi: Les trucs cons qu’on dit sur l’existence, les conseils des parents qui me faisaient bondir à l’adolescence, les lieux communs qui me faisait enrager quand j’écrivais mon mémoire en philosophie, tous ces trucs qu’on dit sans réfléchir et qui ont l’air stupides sont au final tellement vrais et ainsi, figurez-vous qu’avec la recherche de cette maison, j’ai appris un truc fondamental sur l’existence qui tient dans la formule suivante : Quand c’est pas le moment, c’est pas le moment. Je vous laisse digérer l’information.
Car voilà : Je reconnais, ça fait des mois que je dis à tout le monde qu’on va déménager incessamment sous peu mais le truc c’est que c’était pas le moment, avec Madame Miracle – ou sans. Plutôt sans, si on y réfléchit, car au terme d’une semaine bien déprimante à visiter des logements magnifiques mais hors de prix, ou pas chers mais pourris, je me suis réveillée un samedi matin avec un petit gout de déprime dans la bouche, avant que Xavier ne me propose pour remédier à ça, d’aller bruncher quelque part – et pour parer à l’objection inévitable en forme de « Je ne sais pas si les pancakes c’est très bon pour moi », m’a proposé d’y aller à pied – une rareté dans notre environnement, mais enfin à une demi-heure de marche de chez nous (Parce qu’en plus c’est en pente), il y a Sherlington Villages, un petit havre de paix commerciale au grand air, très bobo, tous les trentenaires se baladent avec leurs poussettes et leurs chiens, restaurants du monde et culture de proximité (Cinéma, bibliothèque) bordent les rues. Il y a même des gens qui font du vélo. Et donc, c’est là qu’à environ mi-chemin de parcours (Ça se dit ça ? Mi-chemin de parcours ?) C’est donc là, qu’en se baladant l’air de rien, en traversant la 36ème rue à Arlington, à l’orée de la zone bobo, on tombe là-dessus :
Mais surtout, si vous voulez bien zoomer avec moi, on tombe sur ça :
Une maison à louer. Ça tombait bien, notre « Contrat d’exclusivité de deux mois » avec Madame Miracle était épuisé depuis environ 4 mois. Comme l’a dit Spinoza, ou peut-être c’était Kant ou Husserl ou l’épicier du coin: Quand c’est le moment, c’est le moment.
C’est la vie, c’est comme ça, n’essayez pas de lutter. Un copain théologien à moi a dit la chose suivante : « Si vous voulez faire rire Dieu, parlez-lui de vos projets ». Dans un sens ça tombe bien, puisque je fonctionne au coup de foudre, et du coup, le fameux petit déjeuner s’est passé à chercher fébrilement des détails sur le site web de l’agence, et quand on a vu que le loyer était à $1.900 seulement, j’ai su et que, même s’il se rit de nos projets, Dieu nous avait entendu et qu’il me resterait $150 de salaire à dépenser tous les mois chez Zara Washington (Je le mentionne car c’est ce qui est arrivé !). Une bonne impression confirmée à l’arrivée de notre (nouvelle) agente immobilière, Madame Non-miracle, en jogging, baskets, cheveux attachés avec une pince et lunettes de soleil géantes – le genre que porte ma copine Létis quand elle a trop bu – qui nous a laissé visiter la maison « mais ne faites pas trop de bruit s’il vous plait » (j’en rajoute) alors qu’elle nous attendait dehors pour « prendre l’air » et envoyer frénétiquement des textos sur son téléphone (On était Samedi matin, après tout). On l’a pas fait bien attendre parce qu’avec Xav, on a regardé l’intérieur de la maison et on a su tout de suite que c’était bon, quand c’est le moment, c’est le moment comme je dis toujours – et je me suis suis surprise à dire en remontant du sous-sol : « Ben alors, on signe où ? ».
Évidemment, il n’y a que dans les romans de gare ou dans les blogs à vocation commerciale que les choses arrivent de cette façon, vous vous en doutez bien. La vérité c’est qu’après cette inoubliable visite et alors que j’avais le cœur encore tout palpitant, je suis rentrée à la maison en me disant « Tout ce bonheur au bout seulement d’un an de galère, c’est louche », j’ai fait une liste à Xav de tout ce qui allait pas dans cette maison (Essentiellement : Peut-on vraiment rentrer le canapé dans le bon sens ?) et il m’a fallu deux visites supplémentaires avec Madame Miracle, un quartier au bord de l’autoroute (pas de poussettes ni de vélo), une rampe d’escalier pétée et un chauffage défectueux pour que je revienne à la maison, euh que je revienne à la raison, et qu’on retourne mètre en mains avec Madame Non-miracle qu’on avait encore réveillée un samedi matin, pour se rendre compte que si, de façon surprenante, notre canapé entrait dans le salon (apparemment le salon était prévu pour recevoir des canapés, on aurait du s’y attendre), et c’est là que j’ai pas seulement dit « On signe où? », mais « C’est bon pour nous » et qu’on a pu remplir un dossier pour l’agence, notre propriétaire étant, croyez-le ou non, overseas, à l’étranger (car forcément aux États-Unis, il faut passer la mer pour aller à l’étranger, le Mexique ou le Canada n’étant pas considérés comme des options, ne me demandez pas pourquoi, apparemment pour certains, mais pour beaucoup aussi, l’Amérique, c’est les États-Unis). Mais enfin voilà, figurez-vous que, d’après Madame Non-miracle-qui-fait-des-miracles-quand-même (y compris avec une gueule de bois) notre propriétaire, Eric, est posté outre-Atlantique, et que « Ça fonctionne plutôt bien pour lui là-bas », « Il était parti un peu à l’aventure, mais au final ça lui plait bien et ça marche pas trop mal pour lui, donc il envisage peut-être de rester plus longtemps ». Ça alors. Eric, si tu m’entends, je te laisse mon appart rue du Général Champon sans état d’âme.
Bien sûr, je ne sais pas ce qu’a fait Eric au final, mais notre dossier déposé à huit heures du mat le lundi à l’agence, car Madame Non-miracle m’a avoué se lever tôt pour aller à la gym (qu’est-ce que j’avais été mauvaise langue !), notre dossier donc a été approuvé en moins de deux jours pour un déménagement dix jours après.
Bien sûr, avec Xav, au début un petit déménagement comme ça, ça nous a bien fait rire, comparé à celui qu’on avait fait la dernière fois. On s’est au final rendus compte qu’un déménagement reste un déménagement – sagesse populaire – et que ça peut être fatigant, surtout pendant la semaine de Pâques – sagesse cléricale qui m’a fait défaut sur ce coup-ci.
Certes, on bien trouvé quelques points communs rigolos entre nos deux déménagements aussi :
Si vous avez bonne mémoire, cette photo c’était la page 1 du blog 1 : http://belanger.fr/fanny/wp-content/uploads/2011/07/100_4010.jpg
Bien sûr, le chat a un peu blanchi mais la psychologie féline fonctionne toujours : un carton, c’est un carton. Mais non seulement le chat a peu changé, mais la psychologie bélangesque fonctionne toujours elle aussi : Si vous achetez des livres, à un moment ou à un autre, vous aurez besoin de cartons.
De pas mal de cartons.
Quelqu’un a dit un jour quelque chose – ou c’était beaucoup de gens qui ont dit ça sur l’existence – bref, vous l’avez surement déjà entendu : « On ne refait pas sa vie, on la continue, seulement ».
Eh bien, c’est très vrai, figurez-vous.

Bien sûr, on continue toujours sa vie, mais il y a des choses qui changent quand même un peu. Par exemple, c’est officiel, l’époque où je roulais en Mini est révolu. Me voilà au volant du camion du déménagement. On a pris les choses et les meubles en mains avec mes copines, pendant que Xav attendait le Monsieur d’Internet à la maison…(mais je suis bien contente d’avoir Internet aussi hein ! Sinon je ne pourrais pas vous raconter mon déménagement, rahhhh ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit !)