Je ne vous le cache pas : d’avoir repris le blog, je me suis posée beaucoup de questions. Est-ce que mes lecteurs vont toujours m’aimer ? Est-ce que j’ai encore des choses intéressantes à raconter ? Est-ce que je sais encore encore me servir de Word Press? Parce que j’ai la chance d’avoir un service de dépannage d’urgence informatique 24h/24h à la maison (qui en fait rêver pas mal…) et parce que mes lecteurs ne m’ont pas laissée tomber, je crois que c’est cette avant-dernière raison qui a pas mal prévalu, du moins ces deux dernières années. Je crois que j’ai souffert d’un gros phénomène de décompression. Le séminaire, c’était tellement énorme que je crois qu’après l’ordination, je me suis dis: Est-ce qu’il peut encore vraiment m’arriver quelque chose qui mérite d’être raconté ? Et quand on y pense, c’est vrai que c’était pas complètement idiot non plus de se poser la question.
Pourtant, si on y réfléchit la relation au lecteur, c’est un peu comme une relation de couple, ou même une relation amicale. Ce qui compte, avec les années qui passent, c’est de bien se connaître tout en continuant à se surprendre un peu. Et de temps en temps même, un peu beaucoup.
Tenez, moi avec ma copine Zaza : Presque 15 ans qu’on se fréquente. Et l’expatriation n’a pas changé grand chose car depuis quatre ans, on continue à s’envoyer des mails trois fois par semaine pour échanger des informations cruciales: Qu’est-ce que tu as fait ce week-end ? Quel temps il fait à Grenoble ? Qu’est-ce que tu as mangé ce midi ? (Limite). De ma vie, elle a tout connu Zaza : Le secrétariat, le militantisme à Greenpeace, le mariage avec Mr Belanger, l’église St Marc, les cours d’hébreu à distance, le départ aux États-Unis, le séminaire et l’ordination – à laquelle elle a même participé sous le pseudo exotique (américainement parlant) de « Zaza from Aubenas », pour jouer du ukulélé. Elle a même partagé un cheesecake avec mon évêque. Bref au bout de 15 ans, Zaza, difficile de la surprendre encore (Il faut dire qu’elle m’a pas mal surprise, elle aussi). Mais là quand même, quand elle a reçu mon mail du week-end dernier, Zaza, elle a halluciné. En espérant ne violer aucun droit d’auteur, je me permets de la citer, en français de Molière dans le texte :
« Mais mais mais noooooon?? Mais mais mais c’est pas vrai?? Mais mais mais c’était bien?? Excellent!! »
Alors qu’était-ce donc me demanderez vous – eh bien entre un coucou et un bisou, je lui avais envoyé la photo suivante:
Je vous le donne en mille : Une photo de stade prise avec mon téléphone. Ce qui voulait dire, si vous réfléchissez vite et que vous savez lire entre lignes qu’il fallait quelqu’un pour tenir le téléphone. Que le téléphone aurait pu difficilement aller au stade tout seul, et en admettant qu’il ait été volé ou piraté, comment pouvait-il envoyer tout seul un mail à Zaza ? La conclusion la plus logique – bien que la plus improbable – était que c’était moi qui tenais mon téléphone, pour la bonne raison que dimanche, j’étais au stade.
Je vous rassure tout de suite : ça a complètement commencé sur un malentendu.
Le problème quand vous co-habitez avec un peuple qui a tendance à trouver à peu près tout « exciting », « awesome », ou, dans le pire des cas : « fun », c’est que, même si à la base vous êtes plutôt d’une nature méfiante, au bout d’un moment, quand une opportunité quelconque – y compris la plus improbable – se présente à vous, vous vous dites « Après tout, pourquoi pas ? Au pire ce sera distrayant. » Et donc la semaine dernière quand Xavier m’a appelée du boulot pour me dire que son fournisseur de photocopieuses lui proposait des tickets gratuits pour aller voir un match de base-ball, je lui ai dit « Fonce ». Ces tickets, c’était l’occasion. Je veux dire, en quarante ans d’existence, je n’ai jamais mis les pieds dans dans un stade (sauf pour le concert de Taylor Swift, mais je ne suis pas sûre que ça compte comme du sport). Mais c’est vrai qu’aux États-Unis, le base-ball c’est tellement énorme. Le base-ball c’est l’école de la vie. Et puis, je me suis dit « Au pire, ce sera distrayant ». « Et même (ma nature française reprenant le dessus) si ce n’est pas « fun », au moins ça ne nous coûtera pas grand chose ». Ce qui n’est pas tout à fait vrai, puisque dix minutes après, Xavier me rappelle pour me dire qu’entre temps les tickets sont déjà partis. Pour le réconforter – ou peut-être parce que moi-même j’étais déjà pas mal emballée – je nous trouve deux billets à $12 chacun sur le site web du National Park (+4$ de taxes, + $6 de frais de dossier: $32) – auquel il faudra ajouter – mais je ne le sais pas encore – les $25 de Parking (Soigneusement organisé par les mamas black du quartier qui vous indiquent les bons coins et vous aident même à manœuvrer pour cette petite somme), les $16 pour deux hot-dogs, les $8 pour une portion de frites, et les $10 pour deux sodas, sans compter bien sûr la balle et le magnet souvenir $8 + $6 – soit $105 en tout. Un peu cher pour un truc gratuit, mais au final on a passé un super dimanche après-midi.
Parce que là encore, je vous rassure tout de suite, c’était dimanche certes, mais après le service, juste le temps de changer l’aube pour une paire de jeans (1) mais je n’ai pas changé de crèmerie, surtout seulement après 15 jours d’embauche…
C’est vrai pourtant que le sport c’est un peu comme la religion. Au stade, c’est comme à l’église (Pardonnez-moi, j’allais dire : « C’est comme dans la vraie vie ») : on se lève, on s’assied, on lance sa casquette, on communie au coca et aux frites, on chante en chœur. Mr Belanger a même failli verser sa petite larme pendant le « God Bless America ». On rigole aussi, car il y a aussi pas mal de trucs incongrus : pas de pom pom girls mais les présidents des États-Unis qui font la course autour du stade, et comme dans les films romantiques où à la fin ils se demandent en mariage devant tout le stade, le cameraman passe dans les rangs.
Et du coup, entre le fait de regarder les gens à l’écran, de chanter des trucs et surtout de refaire le plein de frites en faisant un saut à la boutique de souvenirs, vous en oublierez presque que vous êtes là pour voir un match. Car ce n’est pas tout ça le sport :
Au stade, il y a aussi des matchs.
Vous me direz, c’est du base-ball bien sûr. Contrairement aux américains qui sont tombés dedans quand ils étaient petits et chez qui les effets sont permanents, le base-ball, est-ce que vous pouvez vraiment y comprendre grand chose quand vous êtes nés de l’autre côté de l’Atlantique ? Ben Xavier a réussi à suivre un peu ayant cherché les règles du jeu sur la Wikipédia avant de venir – une approche totalement geekesque de la chose, mais au final assez efficace. Quand à moi, après trois heures dans les gradins / boutiques / barques à frites, j’avais au moins compris ce que c’était qu’un home-run. Et croyez-moi, si je peux le faire, vous pouvez le faire aussi.
Mais au final, ce qui a le plus retenu mon attention dans le jeu quand même, c’est ce truc incroyable qu’un mec à un bout du terrain lance une balle, n’importe où, en l’air en général, et que de l’autre côté du terrain, à genre 150 mètres, un mec court, s’arrête, tend le bras et blam: la balle tombe pile au creux de sa main. C’est là que mon cerveau de prêtre n’a fait qu’un tour. C’est là que d’un coup, de la simple analogie sport / religion, je me suis trouvée d’un coup transportée au cœur de la métaphore théologique. Parce que le stade, oui, c’est un peu comme l’église. Au milieu de tout le decorum et des distractions, il ne faut pas oublier ce qui est vraiment en jeu au final : Un Dieu qui est capable de nous attraper au vol, quelque soit la trajectoire que notre vie a prise – et bien souvent juste avant qu’on s’échoue sur le sol – et cela à tous les coups (alors que l’attrapeur lui se loupe quelque fois). Dieu, c’est un peu comme un vieil ami : toujours là et en même temps, toujours capable de nous surprendre.
Voilà. Voilà donc ce qui se passe quand on est une intello et qu’on part voir du sport. Mais au-delà de ça, bien sûr la morale de l’histoire c’est qu’ils ont raison les américains : le base-ball c’est l’école de la vie. En plus c’est distrayant. Et modique. Ou pas loin.
Je vous laisse méditer en vous proposant quelques jolies images prises par Xav (Pendant le passage de l’aube aux baskets, j’ai oublié mon appareil, d’où les photos avec le téléphone et le mail à Zaza…)
Et donc c’était l’équipe locale, les Washington Nationals (ou plus simplement, les Nats) contre l’équipe des Miami Marlins.
Nats : 13 – Marlins : 3
Go Nats!
Ah et j’ai d’autres photos sympa sous le coude, si le peuple réclame.
Des photos sympa: ça fait plaisir de voir que je ne suis pas la seule à oublier le pluriel des adjectifs (Cet homme et moi avons décidément beaucoup en commun…)
relation de couple (…) bien se connaître tout en continuant à se surprendre un peu. Et de temps en temps même, un peu beaucoup. (…) concert de Taylor Swift
Et c’est comme ça qu’un mari peut marquer des points dans le couple.
Sois rassurée le blog est aussi une relation filiale! Le base ball nouvelle inspiration pour tes sermons! Il était temps de connaitre enfin la « grand messe » du stade ,c’est une expérience indispensable de la vie…; Pour ma part je n’ai connu que le stade des matches de rugby et de foot (dans ma 1ère vie!) les règles du jeu du base ball me paraissent presque aussi compliquées que celles du cricket!
je crois ,après réflexion, que les mots abrégés comme sympa , ciné et autres peuvent ne pas prennent la marque du pluriel ….