Comme ça, maintenant, avec toute mon expérience et ma maturité, j’ai bien envie de vous dire quelque chose comme : « Vous en avez marre de la France, vous voulez vivre autre chose ? Vous pensez à immigrer aux États-Unis ? Attention, c’est une fausse bonne idée ». Je pourrais vous dire ça, certes, mais je ne m’y résous pas. Parce que même s’il faut deux ans pour obtenir une carte verte qui n’est encore qu’une pseudo carte verte, on est quand même bien contents.
Quand j’y pense, je me dis que c’est bien marrant que les Hébreux aient identifié la recherche de Dieu à la recherche de la terre promise. C’est long, c’est douloureux, il y a beaucoup de moments de doute, mais au final c’est mieux que de rester sans rien faire à la maison.
L’immigration c’est comme la religion : le tout c’est de garder la foi.
Ou pas.
Parce qu’un secret bien gardé par les gens qui font le même métier que moi, c’est que Jésus, la religion, c’était pas vraiment son truc non plus. Dimanche dernier, l’évangile relate ce passage où Jésus sort du Temple et alors qu’un de ses disciples s’exclame sur la beauté et la solidité du bâtiment, Jésus prophétise sa destruction imminente (au temple, pas au disciple…quand même pas). D’ailleurs Jésus se prenait souvent le bec avec les prêtres et les responsables religieux – non pas parce qu’ils faisaient les choses pas assez bien, mais au contraire parce qu’ils faisaient les choses trop scrupuleusement. Ce qui compte bien sûr, c’est d’aimer Dieu et d’aider son prochain.
Alors, j’aimerais bien vous dire que la religion c’est une fausse bonne idée, mais je ne peux pas m’y résoudre non plus. Pour lire, il faut apprendre son alphabet. Mon amie et ex-professeure Maryvonne dirait : « Pour traduire du grec, il faut connaitre ses déclinaisons »- Ce qui n’est pas toujours vrai. En 7 ans d’études de grec tout cumulé j’ai toujours réussi à y couper, mais enfin ça aide quand même bien. Enfin disons, les gens qui prenaient des cours avec moi ça avait l’air de bien les aider de ne pas avoir à deviner à chaque phrase ce qui sujet et ce qui est complément. Mais je m’égare : tout ça pour vous dire que la religion, c’est un peu comme la grammaire ça vous donne juste un langage pour parler de Dieu et pour le trouver dans votre cœur, avec les autres, et dans la vie de tous les jours. Une réalité qu’on ne peut pas nommer, c’est une réalité qui n’existe pas. On est comme ça, nous les humains.
Du coup la religion c’est comme l’immigration, pas toujours marrant mais il faut bien y passer pour rejoindre la terre promise. On peut même y trouver du plaisir en chemin. Non, ce qui est vraiment déprimant dans la religion, c’est d’en faire une finalité, alors que ce n’est qu’un moyen d’arriver quelque part.
Et du coup, c’est un truc que j’aime bien rappeler aux gens dans l’église, c’est qu’une crise de foi, ce n’est pas forcément grave – et c’est même parfois ça a du bon. Pour trouver Dieu, il faut aussi savoir le perdre, sinon vous pouvez être sûr que c’est un faux dieu qu’on vous a refilé. Une fois que vous avez appris les gammes, c’est à vous de créer votre propre partition. Le Dieu de la religion, c’est un Dieu présenté, expliqué, proposé. Ce n’est pas encore celui qui est vécu, ressenti, éprouvé. Ce Dieu que l’on se demande où il est quand on est en pleine souffrance – car justement on n’a que le Dieu des rites, et pas le Dieu des tripes (Oh joli ! Je l’ai pas fait exprès !…Je trouve une rime avec frites et je me fais éditer)
Et non la première photo n’est pas une oeuvre médiévale du XIIIème siècle, c’est tiré de Indiana Jones et la dernière croisade. Pas le film (enfin si) mais l’exposition. On a aussi vu l’Arche d’Alliance et le Saint Graal de près.
« On a aussi vu l’Arche d’Alliance et le Saint Graal de près. »
Façon de parler.